• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bern · Place of Destination: Coppet · Date: 22. Februar [1812]
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bern
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 22. Februar [1812]
  • Notations: Datum (Jahr) sowie Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 365‒366.
  • Incipit: „[Samedi] Berne ce 22 février.
    Chère amie, j’attends avec impatience des nouvelles de votre santé et de vos arrangements pour le séjour [...]“
    Language
  • French
[Samedi] Berne ce 22 février.
Chère amie, j’attends avec impatience des nouvelles de votre santé et de vos arrangements pour le séjour de la campagne. Vous savez bien quel plaisir j’aurai à me retrouver auprès de vous. Le tems a été si beau la semaine passée qu’on pouvait le prendre pour un commencement de printems, s’il n’y avoit pas encore quelque retour de froid à craindre.
Je n’ai absolument pu apprendre rien de nouveau depuis ma dernière lettre – il semble que tout se fait à la sourdine, cependant les choses n’en marchent pas moins.
Je me figure qu’au printemps vous aurez besoin, pour vous remettre, de quelques bains d’eau minérale.
Auguste m’a écrit une lettre charmante pleine de connoissance et de zèle d’étude, mais il faudra méditer ma réponse pour ne pas trop trahir mon ignorance dans la branche dans laquelle il travaille, ou plutôt il faudra l’avouer franchement et gayment.
Je ne métonne pas que Sim[onde] soit piqué contre vous – vous le faites enrager dune manière insigne, et il finira par me reprendre en grippe, sil lui reste encore quelque chose à faire à cet égard.
Javois, jeudi, entièrement oublié le message de Chamisso qui, en effet, na pas le sens commun et me redemande au nom de Mad[ame] Chezy des livres de la bibliothèque publique de Paris, que jai rendus depuis dix-huit mois, et les brouillons de ce quelle a traduit, quoique je lui aye remis à lui-même tout jusquà la dernière feuille.
Il est donc toujours là, ne sachant pas à quoi semployer et il accentue toujours ses phrases de même?
Vous ne mavez rien mandé tout le tems de mon absence sur M. de M[ontmorency] et sur Mad[ame] Réc[amier]; on me demande aussi des nouvelles sur votre procès et je nen entend plus parler. Que fait M. B[enjamin] C[onstant]? Où est-il? Son ouvrage paraîtra-t-il enfin? Cela rue rappelle un homme dici, né avec de la fortune, qui sest fait artiste, mais qui, probablement faute de persévérance ou de talent, na jamais pu parvenir à peindre comme il faut à lhuile. Il se fait illusion à lui-même en disant quil ne veut pas samuser à des bagatelles: il projette des tableaux dune grandeur colossale, il a fait bâtir une maison exprès avec une vaste salle pour lui servir datelier. Il passe sa vie à faire des esquisses, la maison est là, il ny manque quun Michel-Ange pour mettre la main à lexécution.
Adieu, chère amie, au plaisir de vous revoir – le dimanche il faut toujours prendre ma bonne volonté pour une lettre contenant quelque chose.
[Samedi] Berne ce 22 février.
Chère amie, j’attends avec impatience des nouvelles de votre santé et de vos arrangements pour le séjour de la campagne. Vous savez bien quel plaisir j’aurai à me retrouver auprès de vous. Le tems a été si beau la semaine passée qu’on pouvait le prendre pour un commencement de printems, s’il n’y avoit pas encore quelque retour de froid à craindre.
Je n’ai absolument pu apprendre rien de nouveau depuis ma dernière lettre – il semble que tout se fait à la sourdine, cependant les choses n’en marchent pas moins.
Je me figure qu’au printemps vous aurez besoin, pour vous remettre, de quelques bains d’eau minérale.
Auguste m’a écrit une lettre charmante pleine de connoissance et de zèle d’étude, mais il faudra méditer ma réponse pour ne pas trop trahir mon ignorance dans la branche dans laquelle il travaille, ou plutôt il faudra l’avouer franchement et gayment.
Je ne métonne pas que Sim[onde] soit piqué contre vous – vous le faites enrager dune manière insigne, et il finira par me reprendre en grippe, sil lui reste encore quelque chose à faire à cet égard.
Javois, jeudi, entièrement oublié le message de Chamisso qui, en effet, na pas le sens commun et me redemande au nom de Mad[ame] Chezy des livres de la bibliothèque publique de Paris, que jai rendus depuis dix-huit mois, et les brouillons de ce quelle a traduit, quoique je lui aye remis à lui-même tout jusquà la dernière feuille.
Il est donc toujours là, ne sachant pas à quoi semployer et il accentue toujours ses phrases de même?
Vous ne mavez rien mandé tout le tems de mon absence sur M. de M[ontmorency] et sur Mad[ame] Réc[amier]; on me demande aussi des nouvelles sur votre procès et je nen entend plus parler. Que fait M. B[enjamin] C[onstant]? Où est-il? Son ouvrage paraîtra-t-il enfin? Cela rue rappelle un homme dici, né avec de la fortune, qui sest fait artiste, mais qui, probablement faute de persévérance ou de talent, na jamais pu parvenir à peindre comme il faut à lhuile. Il se fait illusion à lui-même en disant quil ne veut pas samuser à des bagatelles: il projette des tableaux dune grandeur colossale, il a fait bâtir une maison exprès avec une vaste salle pour lui servir datelier. Il passe sa vie à faire des esquisses, la maison est là, il ny manque quun Michel-Ange pour mettre la main à lexécution.
Adieu, chère amie, au plaisir de vous revoir – le dimanche il faut toujours prendre ma bonne volonté pour une lettre contenant quelque chose.
· Übersetzung , 22.02.1812
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 293–294.
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