• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Stralsund · Place of Destination: Stockholm · Date: 24.05.1813
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Stralsund
  • Place of Destination: Stockholm
  • Date: 24.05.1813
  • Notations: Satzfehler korrigiert. Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 413‒415.
  • Incipit: „Stralsund, ce 24 mai 1813.
    Chère amie, je vous ai écrit d’abord après mon arrivée en hâte, et principalement pour vous donner [...]“
    Language
  • French
Stralsund, ce 24 mai 1813.
Chère amie, je vous ai écrit dabord après mon arrivée en hâte, et principalement pour vous donner des nouvelles dAlbert. Je puis vous en donner de plus fraîches aujourdhui. M. de Forselle, aide-de-camp du Pr[incel R[oyal], a quitté Hambourg le 20 à dix heures du soir. Il a vu Albert en bonne santé et point blessé, quoiquil ait eu quelques balles dans son habit. Il ma confirmé ce qui mest revenu de tous les côtés, cest-à-dire quAlb[ert] sest battu avec une bravoure extrême, quil a constamment animé et devancé les troupes de nouvelle levée au combat, et que surtout les Mecklembourgeois laimoient à la folie. Cependant je ne puis pas vous cacher que le Prince Royal est mécontent de sa démarche. Il blâme Albert davoir dépassé ses instructions, lesquelles portoient quil devoit attendre ici son arrivée. La bravoure, ma-t-il dit, est une qualité toujours supposée dans un soldat, à plus forte raison dans un officier. Mais lessentiel est lobéissance et la subordination. Enfin la chose a été contraire à ses intentions. Je ne doute pas quil ne soit déjà rappelé, mais jespère que cela se bornera à une sévère réprimande.
Tettenborn ne sétoit pas déshabillé depuis 19 jours; on a été tort alarmé à Hambourg, mais à présent la ville paroît rassurée. Une division suédoise est sur lElbe de ce côté-là – une flottille anglaise était attendue incessamment – elle devoit se jeter entre la ville et les isles. On est aussi rassuré sur Berlin, où la frayeur a été également fort grande, mais nous navons point encore de nouvelles du quartier général russo-prussien. Pozzo di Borgo et après lui Lowenhielm sont repartis pour là – force officiers partent et arrivent de tous les côtés; cest une scène mouvante, extrémement animée.
Le Prince Royal ma décoré de ses propres mains de lOrdre de Wasa avec une grâce parfaite, comme il fait toutes les choses. Ma nomination na pas encore eu lieu, mais elle sera expédiée incessamment, à ce que ma dit M. de Watterstedt. Du reste, jusquici je nai point encore eu du travail.
Jai reçu une lettre fort intéressante et profondément pensée sur les affaires dAllemagne du Cte de Munster.
On ma chargé de mille choses pour vous: Pozzo di B[orgo], Lowenhielm, le Général Hope, le jeune Suchtelen, Maisonfort qui vient de partir pour Hambourg, Suremain, le Comte de Brahé et beaucoup dautres personnes de la société de Stockholm que je ne puis pas nommer toutes. Thornton est entre ici et lisle de Rügen, où il a laissé sa femme; il repasse chaque soir le détroit comme Léandre celui de lHellespont pour voir sa bien-aimée Héro – cest dun ridicule achevé. Le Duc de Cumberland nest resté ici que deux jours; jai causé avec lui pendant une heure en allemand; certainement il ne manque pas desprit. Les ministres dEtat hanovriens (in partibus) sont ici, enfin le monde afflue de tous les côtés. Quel plaisir ce sera de nous retrouver, chère amie, dans un tems de repos après tout ce que nous aurons vu de part et dautre! Ce tems arrivera, je lespère, mais il y a encore des difficultés à vaincre pour y arriver.
Ne comptez pas ceci pour une lettre – je vous écrirai à tête reposée aussitôt que je pourrai me recueillir dans ce tourbillon. Je ne sais pas si ces lignes vous atteindront encore en Suède. Ne craignez pas tant la mer – je nai été malade quun seul instant – du reste jai toute la journée joué aux échecs et jai gagné. Il est vrai quune frégate est comme un château flottant.
Adieu, chère amie, mille amitiés à Albertine et à Auguste.
Stralsund, ce 24 mai 1813.
Chère amie, je vous ai écrit dabord après mon arrivée en hâte, et principalement pour vous donner des nouvelles dAlbert. Je puis vous en donner de plus fraîches aujourdhui. M. de Forselle, aide-de-camp du Pr[incel R[oyal], a quitté Hambourg le 20 à dix heures du soir. Il a vu Albert en bonne santé et point blessé, quoiquil ait eu quelques balles dans son habit. Il ma confirmé ce qui mest revenu de tous les côtés, cest-à-dire quAlb[ert] sest battu avec une bravoure extrême, quil a constamment animé et devancé les troupes de nouvelle levée au combat, et que surtout les Mecklembourgeois laimoient à la folie. Cependant je ne puis pas vous cacher que le Prince Royal est mécontent de sa démarche. Il blâme Albert davoir dépassé ses instructions, lesquelles portoient quil devoit attendre ici son arrivée. La bravoure, ma-t-il dit, est une qualité toujours supposée dans un soldat, à plus forte raison dans un officier. Mais lessentiel est lobéissance et la subordination. Enfin la chose a été contraire à ses intentions. Je ne doute pas quil ne soit déjà rappelé, mais jespère que cela se bornera à une sévère réprimande.
Tettenborn ne sétoit pas déshabillé depuis 19 jours; on a été tort alarmé à Hambourg, mais à présent la ville paroît rassurée. Une division suédoise est sur lElbe de ce côté-là – une flottille anglaise était attendue incessamment – elle devoit se jeter entre la ville et les isles. On est aussi rassuré sur Berlin, où la frayeur a été également fort grande, mais nous navons point encore de nouvelles du quartier général russo-prussien. Pozzo di Borgo et après lui Lowenhielm sont repartis pour là – force officiers partent et arrivent de tous les côtés; cest une scène mouvante, extrémement animée.
Le Prince Royal ma décoré de ses propres mains de lOrdre de Wasa avec une grâce parfaite, comme il fait toutes les choses. Ma nomination na pas encore eu lieu, mais elle sera expédiée incessamment, à ce que ma dit M. de Watterstedt. Du reste, jusquici je nai point encore eu du travail.
Jai reçu une lettre fort intéressante et profondément pensée sur les affaires dAllemagne du Cte de Munster.
On ma chargé de mille choses pour vous: Pozzo di B[orgo], Lowenhielm, le Général Hope, le jeune Suchtelen, Maisonfort qui vient de partir pour Hambourg, Suremain, le Comte de Brahé et beaucoup dautres personnes de la société de Stockholm que je ne puis pas nommer toutes. Thornton est entre ici et lisle de Rügen, où il a laissé sa femme; il repasse chaque soir le détroit comme Léandre celui de lHellespont pour voir sa bien-aimée Héro – cest dun ridicule achevé. Le Duc de Cumberland nest resté ici que deux jours; jai causé avec lui pendant une heure en allemand; certainement il ne manque pas desprit. Les ministres dEtat hanovriens (in partibus) sont ici, enfin le monde afflue de tous les côtés. Quel plaisir ce sera de nous retrouver, chère amie, dans un tems de repos après tout ce que nous aurons vu de part et dautre! Ce tems arrivera, je lespère, mais il y a encore des difficultés à vaincre pour y arriver.
Ne comptez pas ceci pour une lettre – je vous écrirai à tête reposée aussitôt que je pourrai me recueillir dans ce tourbillon. Je ne sais pas si ces lignes vous atteindront encore en Suède. Ne craignez pas tant la mer – je nai été malade quun seul instant – du reste jai toute la journée joué aux échecs et jai gagné. Il est vrai quune frégate est comme un château flottant.
Adieu, chère amie, mille amitiés à Albertine et à Auguste.
· Übersetzung , 24.05.1813
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 335‒336.
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