• Anne Louise Germaine de Staël-Holstein , Jean-Charles-Léonard Simonde de Sismondi to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Bern · Date: 26.08.1811
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein, Jean-Charles-Léonard Simonde de Sismondi
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Bern
  • Date: 26.08.1811
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 335973167
  • Bibliography: Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis. Hg. v. Josef Körner. Bd. 2. Der Texte zweite Hälfte. 1809‒1844. Bern u.a. ²1969, S. 226‒228.
  • Incipit: „[1] Vous recevrez cher Schlegel par le fourgon les livres que vous demandez au petit Cachet; mais il ne restoit plus [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: APP2712-Bd-6
  • Classification Number: Mscr.Dresd.App.2712,B,21,84
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs. m. Adresse
  • Format: 19,5 x 12,1 cm
    Language
  • French
[1] Vous recevrez cher Schlegel par le fourgon les livres que vous demandez au petit Cachet; mais il ne restoit plus que deux exemplaires de la comparaison des deux Phèdres, et comme dʼaprès vos ordres jʼen ai remis un à Mr. A.[drien] de M.[ontmorency] on ne vous en envoie quʼun. Je répon[d]s au nom du petit Cachet que votre bibliothèque est scrupuleusement fermée. Jʼai eu à plusieurs reprises un extrême besoin de différens livres que vous mʼaviez offert avec beaucoup dʼobligeance. Je mʼen suis passé ou je me les suis procurés dʼailleurs, sans me permettre jamais de faire ouvrir vos armoires, elles ne lʼont été quʼune seule fois par ordre de Me de St.[aël] et pendant que je nʼy étois pas, cʼétoit pour faire voir vos livres à Koreff, on mʼassure quʼil y a peu dʼapparence quʼil en ait beaucoup volé, je lʼespère aussi, mais jʼai dûement protesté à mon retour, et cela nʼarrivera plus.
Me de St.[aël] me demande de votre part quels renseignemens jʼai trouvés sur la poésie Provençale, mais dans mon cours qui est lui même très superficiel je traite plus superficiellement encore de cette poésie. Sur quarante leçons destineées [2] aux langues romanes je nʼen donne que trois aux Troubadours. Du reste jʼai lu Nostradamus (histoire de Provence) avec peu dʼinstruction, et moins encore de confiance, jʼai feuilleté Bouche, histoire de Provence. Jʼai trouvé bien plus dʼérudition, et de saine critique dans lʼhistoire de Languedoc des pères Vic et Vaissette T. III. Andrés dans son histoire de la littérature a éclairé à mes yeux lʼinfluence des Arabes sur les Provençaux, et lʼhistoire des Troubadours de Catalogne. Mais quant aux poésies mêmes je nʼai eu pour former mon jugement que les trois volumes dʼextraits et de traductions de Millot, et quelques fragmens Provençaux rapportés par Ginguené dans son cours, ou par Verdier dans la bibliothèque française. Lʼhistoire littéraire de France des Bénédictins, et le voyage en Provence de Pappon, mʼont fourni à peine quelques renseignemens. Cet hiver jʼaurai entre mes mains Crescimbeni, mais jʼen atten[d]s peu dʼinstruction puisquʼil nʼa fait que traduire Nostradamus. Tandis que je ne sais comment me procurer des ouvrages qui me seroient beaucoup plus utiles sur ce sujet, comme Bastero Crusca Provenzale, la Faille annales de Toulouse et surtout les poésies imprimées des poètes de Valence, Ausias March, [3] Jacob Roig, Jean Martorell, et la gaie science du grand Marquis de Villena. tout cela mʼest indiqué par Andrés sans que je sache où le trouver, mais dans des recherches bien plus étendues et qui ont duré bien plus longtems vous aurez sans doute été plus heureux que moi. Si jamais je passe six mois à Paris je suis bien déterminé à publier en Provençal les œuvres de trois ou quatre des Troubadours fameux quʼa recueillis Mr de Palaie, comme Arnaud de Marveil, Rambaud de Vaqueiras et Bertrand de Born. cʼest une honte pour la nation française que le travail immense de cet illustre antiquaire ne se publie pas. Voila une lettre bien remplie de noms sans aucune substance; jʼai honte de penser comme cette érudition fastueuse sʼacquiert facilement et comme elle est peu réelle. Je laisse à notre amie à vous parler de notre vie ici, et de ses projets, recevez cependant lʼassurance de tout mon dévouement, et des sentimens inaltérables avec lesquels je suis tout à vous.

Copet 26 Août 1811.

[Mme de Staël:] Je rouvre la lettre de Mr Sismonde, cher Mr Schlegel pour vous dire mille tendresses et me rappeller à votre souvenir: car [4] vraiment vous oubliez vos amis dʼune manière indigne – Jʼai vu lʼautre jour Alex. ... qui est enchanté de vous, et qui vous aime comme tous ceux qui vous connoissent. Mess. de M.[ontmorency] me chargent aussi de mille choses pour vous mais Adrien se plaint de nʼavoir pas reçu une caisse que vous aviez promis de lui faire parvenir. Envoyez la lui vite je vous en prie – mille et mille tendres amitiés.
[1] Vous recevrez cher Schlegel par le fourgon les livres que vous demandez au petit Cachet; mais il ne restoit plus que deux exemplaires de la comparaison des deux Phèdres, et comme dʼaprès vos ordres jʼen ai remis un à Mr. A.[drien] de M.[ontmorency] on ne vous en envoie quʼun. Je répon[d]s au nom du petit Cachet que votre bibliothèque est scrupuleusement fermée. Jʼai eu à plusieurs reprises un extrême besoin de différens livres que vous mʼaviez offert avec beaucoup dʼobligeance. Je mʼen suis passé ou je me les suis procurés dʼailleurs, sans me permettre jamais de faire ouvrir vos armoires, elles ne lʼont été quʼune seule fois par ordre de Me de St.[aël] et pendant que je nʼy étois pas, cʼétoit pour faire voir vos livres à Koreff, on mʼassure quʼil y a peu dʼapparence quʼil en ait beaucoup volé, je lʼespère aussi, mais jʼai dûement protesté à mon retour, et cela nʼarrivera plus.
Me de St.[aël] me demande de votre part quels renseignemens jʼai trouvés sur la poésie Provençale, mais dans mon cours qui est lui même très superficiel je traite plus superficiellement encore de cette poésie. Sur quarante leçons destineées [2] aux langues romanes je nʼen donne que trois aux Troubadours. Du reste jʼai lu Nostradamus (histoire de Provence) avec peu dʼinstruction, et moins encore de confiance, jʼai feuilleté Bouche, histoire de Provence. Jʼai trouvé bien plus dʼérudition, et de saine critique dans lʼhistoire de Languedoc des pères Vic et Vaissette T. III. Andrés dans son histoire de la littérature a éclairé à mes yeux lʼinfluence des Arabes sur les Provençaux, et lʼhistoire des Troubadours de Catalogne. Mais quant aux poésies mêmes je nʼai eu pour former mon jugement que les trois volumes dʼextraits et de traductions de Millot, et quelques fragmens Provençaux rapportés par Ginguené dans son cours, ou par Verdier dans la bibliothèque française. Lʼhistoire littéraire de France des Bénédictins, et le voyage en Provence de Pappon, mʼont fourni à peine quelques renseignemens. Cet hiver jʼaurai entre mes mains Crescimbeni, mais jʼen atten[d]s peu dʼinstruction puisquʼil nʼa fait que traduire Nostradamus. Tandis que je ne sais comment me procurer des ouvrages qui me seroient beaucoup plus utiles sur ce sujet, comme Bastero Crusca Provenzale, la Faille annales de Toulouse et surtout les poésies imprimées des poètes de Valence, Ausias March, [3] Jacob Roig, Jean Martorell, et la gaie science du grand Marquis de Villena. tout cela mʼest indiqué par Andrés sans que je sache où le trouver, mais dans des recherches bien plus étendues et qui ont duré bien plus longtems vous aurez sans doute été plus heureux que moi. Si jamais je passe six mois à Paris je suis bien déterminé à publier en Provençal les œuvres de trois ou quatre des Troubadours fameux quʼa recueillis Mr de Palaie, comme Arnaud de Marveil, Rambaud de Vaqueiras et Bertrand de Born. cʼest une honte pour la nation française que le travail immense de cet illustre antiquaire ne se publie pas. Voila une lettre bien remplie de noms sans aucune substance; jʼai honte de penser comme cette érudition fastueuse sʼacquiert facilement et comme elle est peu réelle. Je laisse à notre amie à vous parler de notre vie ici, et de ses projets, recevez cependant lʼassurance de tout mon dévouement, et des sentimens inaltérables avec lesquels je suis tout à vous.

Copet 26 Août 1811.

[Mme de Staël:] Je rouvre la lettre de Mr Sismonde, cher Mr Schlegel pour vous dire mille tendresses et me rappeller à votre souvenir: car [4] vraiment vous oubliez vos amis dʼune manière indigne – Jʼai vu lʼautre jour Alex. ... qui est enchanté de vous, et qui vous aime comme tous ceux qui vous connoissent. Mess. de M.[ontmorency] me chargent aussi de mille choses pour vous mais Adrien se plaint de nʼavoir pas reçu une caisse que vous aviez promis de lui faire parvenir. Envoyez la lui vite je vous en prie – mille et mille tendres amitiés.
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