• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Paris · Date: 15.12.1817
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 15.12.1817
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.41
  • Number of Pages: 2S., hs. m. U.
  • Format: 23,6 x 19,2 cm
  • Incipit: „[1] Genêve 15 Dece 1817.
    Je vous ai entretenu, Monsieur, de lʼhistoire fabuleuse dʼAlexandre: vous avés bien voulu me fournir quelques [...]“
    Language
  • French
  • Greek
    Editors
  • Dänekas, Laura
  • Seidel, Aline
  • Stieglitz, Clara
[1] Genêve 15 Dece 1817.
Je vous ai entretenu, Monsieur, de lʼhistoire fabuleuse dʼ
Alexandre: vous avés bien voulu me fournir quelques secours & mʼen promettre encore dʼautres. Mais depuis la derniere lettre que jʼai eu le plaisir de vous écrire, jʼai découvert, à ce que je crois, un passage qui désigne lʼouvrage primitif qui a fourni la matiere de tous les Romans Grecs & latins sur ce sujet.- Je prends la liberté de vous consulter sur ma petite découverte & de vous prier de mʼen dire votre avis.
Joseph fils de Gorion, juif du 10
e ou 11e siecle dit quʼil a tîré ce quʼil raconte dʼAlexandre dans le second livre de son histoire des livres des Macédoniens & des Perses, & du livre des Génêrations dʼAlexandre composè par les Mages de lʼEgypte lʼannée même de la mort de ce conquérant.
Socrate, dans son histoire Ecclesiastique, aprês avoir parlé dʼAlexandre dit: .... και τό μονόβιβλον ό Ἀδριας εὶς τὸν Αλεξάνδρου βιόν ἕπεγραψεν.... ce passage est évidemment corrompu. Les uns ont voulu quʼil y fut question de lʼouvrage dʼArrien, les autres de celui dʼun auteur inconnu nommè Adrias, les autres de lʼècrit de Lucien intitulé ψευδόμαντις. ou de lʼEmpereur Adrien Hadrien. Mr de Ste Croix y voit quʼHadrien ayant déifié Antinous, cherche à sʼen justifier par lʼexemple dʼAlexandre, dans un livre ou il rassemble tous les oracles concernant la divinitè du conquérant Macédonien.- Un Ms. de Florence porte Ἀνδριας au lieu de Ἀδριας & Fabricius soupçonne que ce pourrait être une abbréviation de Αλεξανδρεῖς.
Nicéphore Calliste, auteur 14e siecle repête â peu près le passage de Socrate: on lʼa accusè de lʼavoir corrompu & je pense au contraire quʼil en a conservé le véritable sens. Il écrit:- και τὸ μονόβιβλον ὅ είς τὸν Αλεξανδρου βιόν ἐπεγραψαν οἱ Αλεξανδρεῖς. Il sʼagit ici dʼun ouvrage en un seul livre que les Alexandrins firent écrire sur la vie dʼAlexandre. & je suis tenté de voir dans ce Monobible, lʼouvrage dont Josippon a conservé le souvenir & lʼoriginal, que les auteurs du faux Callisthène, & de tant dʼautres ecrits de ce genre, auront embelli a leur maniere & amplifié jusquʼà en former trois livres au lieu dʼun seul. [2] Lʼinterprétation de Mr d. Ste Croix est dʼautant moins admissible que lʼon sait dʼailleurs quʼHadrien avait écrit un poëme sur Alexandre, mais ce ne peut etre le μονόβιβλον, puisque Etienne de Byzance en cite le livre septieme.
Si
Socrate, auteur du cinquieme siecle, a connu lʼouvrage des Alexandrins sur le Héros Macédonien & si cʼest ouvrage peut etre regardé comme lʼoriginal du Callisthène, de lʼÆsope, du Julius Valerius & des autres ouvrages anonymes, cela donne une certaine antiquité à la premiere redaction de lʼhistoire fabuleuse dʼAlexandre. Car il nʼest pas probable que le Monobiblon fut tout récent au tems de Socrate. Si lʼon pouvait croire que ἐπέγραψαν οἱ Αλεξανδρεῖς, designât quelque autorité publique dʼAlexandrie, cela ferait remonter bien plus haut lʼantiquité du Monobiblon: car lʼintèret public à Alexandrie pour Alexandre ne pouvait guere survivre à la Dynastie des Ptolemêes.
Voila ma conjecture, juges là, Monsieur, & mandês-moi ce que vous en pensès. Jʼavais laissé là pendant quelque tems
mon Article sur Julius Valerius. Je lʼai repris depuis que je suis à la ville & je desire le terminer, par ce quʼil y a bien des mois que le Profr Pictet mʼa remis cet ouvrage. Si donc vous avês eu lʼextrême bonté de recueillir quelques uns des secours dont ma courte èrudition a grand besoin, si vous avez pouvés repondre reponse à quelques unes des questions que jʼai pris la liberté de vous adresser vous me ferés grand plaisir de mʼenvoyer ces marques de vos bontês pour moi.-
Croyès je vous prie, Monsieur, au sincere attachement avec le quel je suis tout à vous
Favre Bertrand
[1] Genêve 15 Dece 1817.
Je vous ai entretenu, Monsieur, de lʼhistoire fabuleuse dʼ
Alexandre: vous avés bien voulu me fournir quelques secours & mʼen promettre encore dʼautres. Mais depuis la derniere lettre que jʼai eu le plaisir de vous écrire, jʼai découvert, à ce que je crois, un passage qui désigne lʼouvrage primitif qui a fourni la matiere de tous les Romans Grecs & latins sur ce sujet.- Je prends la liberté de vous consulter sur ma petite découverte & de vous prier de mʼen dire votre avis.
Joseph fils de Gorion, juif du 10
e ou 11e siecle dit quʼil a tîré ce quʼil raconte dʼAlexandre dans le second livre de son histoire des livres des Macédoniens & des Perses, & du livre des Génêrations dʼAlexandre composè par les Mages de lʼEgypte lʼannée même de la mort de ce conquérant.
Socrate, dans son histoire Ecclesiastique, aprês avoir parlé dʼAlexandre dit: .... και τό μονόβιβλον ό Ἀδριας εὶς τὸν Αλεξάνδρου βιόν ἕπεγραψεν.... ce passage est évidemment corrompu. Les uns ont voulu quʼil y fut question de lʼouvrage dʼArrien, les autres de celui dʼun auteur inconnu nommè Adrias, les autres de lʼècrit de Lucien intitulé ψευδόμαντις. ou de lʼEmpereur Adrien Hadrien. Mr de Ste Croix y voit quʼHadrien ayant déifié Antinous, cherche à sʼen justifier par lʼexemple dʼAlexandre, dans un livre ou il rassemble tous les oracles concernant la divinitè du conquérant Macédonien.- Un Ms. de Florence porte Ἀνδριας au lieu de Ἀδριας & Fabricius soupçonne que ce pourrait être une abbréviation de Αλεξανδρεῖς.
Nicéphore Calliste, auteur 14e siecle repête â peu près le passage de Socrate: on lʼa accusè de lʼavoir corrompu & je pense au contraire quʼil en a conservé le véritable sens. Il écrit:- και τὸ μονόβιβλον ὅ είς τὸν Αλεξανδρου βιόν ἐπεγραψαν οἱ Αλεξανδρεῖς. Il sʼagit ici dʼun ouvrage en un seul livre que les Alexandrins firent écrire sur la vie dʼAlexandre. & je suis tenté de voir dans ce Monobible, lʼouvrage dont Josippon a conservé le souvenir & lʼoriginal, que les auteurs du faux Callisthène, & de tant dʼautres ecrits de ce genre, auront embelli a leur maniere & amplifié jusquʼà en former trois livres au lieu dʼun seul. [2] Lʼinterprétation de Mr d. Ste Croix est dʼautant moins admissible que lʼon sait dʼailleurs quʼHadrien avait écrit un poëme sur Alexandre, mais ce ne peut etre le μονόβιβλον, puisque Etienne de Byzance en cite le livre septieme.
Si
Socrate, auteur du cinquieme siecle, a connu lʼouvrage des Alexandrins sur le Héros Macédonien & si cʼest ouvrage peut etre regardé comme lʼoriginal du Callisthène, de lʼÆsope, du Julius Valerius & des autres ouvrages anonymes, cela donne une certaine antiquité à la premiere redaction de lʼhistoire fabuleuse dʼAlexandre. Car il nʼest pas probable que le Monobiblon fut tout récent au tems de Socrate. Si lʼon pouvait croire que ἐπέγραψαν οἱ Αλεξανδρεῖς, designât quelque autorité publique dʼAlexandrie, cela ferait remonter bien plus haut lʼantiquité du Monobiblon: car lʼintèret public à Alexandrie pour Alexandre ne pouvait guere survivre à la Dynastie des Ptolemêes.
Voila ma conjecture, juges là, Monsieur, & mandês-moi ce que vous en pensès. Jʼavais laissé là pendant quelque tems
mon Article sur Julius Valerius. Je lʼai repris depuis que je suis à la ville & je desire le terminer, par ce quʼil y a bien des mois que le Profr Pictet mʼa remis cet ouvrage. Si donc vous avês eu lʼextrême bonté de recueillir quelques uns des secours dont ma courte èrudition a grand besoin, si vous avez pouvés repondre reponse à quelques unes des questions que jʼai pris la liberté de vous adresser vous me ferés grand plaisir de mʼenvoyer ces marques de vos bontês pour moi.-
Croyès je vous prie, Monsieur, au sincere attachement avec le quel je suis tout à vous
Favre Bertrand
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