• Albert de Broglie to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 11.03.1842
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Albert de Broglie
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 11.03.1842
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-38973
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.4(3),Nr.22
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 21 x 16,1 cm
  • Incipit: „[1] Paris, 11 Mars 1842.
    Vous êtes d’une admirable bonté, Monsieur, de vouloir bien continuer d’entretenir des relations avec un correspondant [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Steffes, Franziska
[1] Paris, 11 Mars 1842.
Vous êtes d’une admirable bonté, Monsieur, de vouloir bien continuer d’entretenir des relations avec un correspondant inexact, maladroit qui vous cherche à
berlin quand vous êtes à Bonn et trouve moyen de vous manquer partout. Les traités de commerce conclus avec moi me paraissent destinés à avoir le sort de tous les traités de douane ou de visite que nous voulons engager depuis six mois: ils peuvent être signés et avec joie, mais ratifiés peut être non, et exécutés c’est plus douteux encore – à vrai dire et pour m’excuser, je suis dans une grande agitation de travail en ce moment: trouvant que [2] le Digeste ne m’occupait pas encore assez, et que c’était une lecture trop vite finie, le matin avant le déjeuner, je me suis mis dans les fonctions publiques et je passe toute ma matinée à copier des dépêches sous les ordres de M. Guizot. Jugez si les mathématiques passent bien leur temps, et si je puis faire autre chose pour leur rendre hommage que de lire et d’apprendre par cœur tous les poèmes didactiques que vous voudrez bien m’envoyer.
Quant aux bouts rimés sur
M. Villemain et M. Cousin je ne puis y donner les mains d’aussi grand cœur parce que je les trouve peu généreux: ces pauvres corps universitaires et [3] académiques ont tant à faire par le temps qui court: d’abord M. Villemain a le clergé de France entier à ses trousses, pour la loi sur la liberté de l’enseignement que tout le monde demande, comme si elle n’existait pas déjà le mieux du monde dans un état ou les professeurs ont la liberté de ne rien enseigner et les élèves la liberté de ne rien apprendre. Ce que voyant M. Cousin est venu à son secours et est rentré au Conseil Royal, dit il, pour défendre la philosophie, ce qui est généreux parce qu’elle ne lui rendra jamais la pareille – En revanche, si les professeurs envahissent la Chambre des députés et les ministères, l’académie est envahie [4] par les hommes politiques. On rougirait d’avoir écrit quelque chose pour y entrer, et à l’heure qu’il est le Roi est en train de donner à diner à tous les membres de l’institut, dans le but de faire nommer son favori, M. Vatout Il est vrai que celui là a écrit, mais décidément on est d’avis que c’est la seule chose qui puisse lui faire tout.
Voilà bien des sottises, et des bouts rimés valent mieux que tant de mesquines nouvelles: mais je n’ai pas le don des bouts rimés: et je n’ai que le temps de les lire. Tout le monde ici se porte à merveille, et vous prie d’avoir un peu de mémoire et un peu de bienveillance pour
la Rue de l’université: pour moi, vous savez mes sentimens d’affection et de respect.
Broglie
[1] reçu le 15 Mars 42.
[1] Paris, 11 Mars 1842.
Vous êtes d’une admirable bonté, Monsieur, de vouloir bien continuer d’entretenir des relations avec un correspondant inexact, maladroit qui vous cherche à
berlin quand vous êtes à Bonn et trouve moyen de vous manquer partout. Les traités de commerce conclus avec moi me paraissent destinés à avoir le sort de tous les traités de douane ou de visite que nous voulons engager depuis six mois: ils peuvent être signés et avec joie, mais ratifiés peut être non, et exécutés c’est plus douteux encore – à vrai dire et pour m’excuser, je suis dans une grande agitation de travail en ce moment: trouvant que [2] le Digeste ne m’occupait pas encore assez, et que c’était une lecture trop vite finie, le matin avant le déjeuner, je me suis mis dans les fonctions publiques et je passe toute ma matinée à copier des dépêches sous les ordres de M. Guizot. Jugez si les mathématiques passent bien leur temps, et si je puis faire autre chose pour leur rendre hommage que de lire et d’apprendre par cœur tous les poèmes didactiques que vous voudrez bien m’envoyer.
Quant aux bouts rimés sur
M. Villemain et M. Cousin je ne puis y donner les mains d’aussi grand cœur parce que je les trouve peu généreux: ces pauvres corps universitaires et [3] académiques ont tant à faire par le temps qui court: d’abord M. Villemain a le clergé de France entier à ses trousses, pour la loi sur la liberté de l’enseignement que tout le monde demande, comme si elle n’existait pas déjà le mieux du monde dans un état ou les professeurs ont la liberté de ne rien enseigner et les élèves la liberté de ne rien apprendre. Ce que voyant M. Cousin est venu à son secours et est rentré au Conseil Royal, dit il, pour défendre la philosophie, ce qui est généreux parce qu’elle ne lui rendra jamais la pareille – En revanche, si les professeurs envahissent la Chambre des députés et les ministères, l’académie est envahie [4] par les hommes politiques. On rougirait d’avoir écrit quelque chose pour y entrer, et à l’heure qu’il est le Roi est en train de donner à diner à tous les membres de l’institut, dans le but de faire nommer son favori, M. Vatout Il est vrai que celui là a écrit, mais décidément on est d’avis que c’est la seule chose qui puisse lui faire tout.
Voilà bien des sottises, et des bouts rimés valent mieux que tant de mesquines nouvelles: mais je n’ai pas le don des bouts rimés: et je n’ai que le temps de les lire. Tout le monde ici se porte à merveille, et vous prie d’avoir un peu de mémoire et un peu de bienveillance pour
la Rue de l’université: pour moi, vous savez mes sentimens d’affection et de respect.
Broglie
[1] reçu le 15 Mars 42.
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