En arrivant ici hier, j’ai trouvé votre lettre du 9 9bre, remplie des reproches les plus amers et les plus exagérés. J’en suis vraiment désolé. Me voilà réduit à faire une longue et ennuyeuse justification, tandis que j’aurais pu peut-être vous mander des choses intéressantes.
Dieu sait que depuis le passage de l’Elbe jusqu’à la prise de sic) pour avertir les gouverneurs en Poméranie et en Suède.
Après la bataille de Leipzig je vous ai écrit mes jubilations de la ville même. Pendant une marche très rapide je vous ai fait ensuite une lettre longue et détaillée, une espèce de livre qui a été expédiée de re qu’il manquait alors dix malles de
Lorsque le Pr[ince] R[oyal] est parti de
Quand on est séparé par des mers et peut-être par des armées il ne faudrait pas gronder ses amis pour un simple retard de lettres, lequel peut être causé par mille accidents. Il ne faudrait en général pas se déchaîner sans avoir une preuve manifeste de perfidie entre les mains; encore faudrait-il y prendre garde parce qu’il s’écoule des mois avant qu’on puisse réparer le mal qu’on a fait. Comment saviez-vous si je n’étais pas malade ou mourant, et si l’on ne m’administrait pas votre lettre comme un viatique pour l’autre monde? Je pouvais être mort, de bien plus braves gens que moi sont morts dans cette campagne, sans qu’on se soit pressé de le mander en Angleterre.
Vous avez souvent loué les nombreuses lettres que je vous ai écrites pendant cet été. Est-ce que chez vous les bonnes œuvres ne comptent pas un peu pour excuser des péchés? Vous jouissez de votre loisir tout entier; moi, quand même je ne fais pas grand chose, je ne suis pas maître de mon temps. Souvent, pour avoir une audience de 5 minutes, il faut attendre plusieurs heures. La journée se passe ainsi. Le soir je ne suis pas en état d’écrire des lettres, outre que cela me fatigue la vue. Il faudrait un peu vous mettre à ma place, et tenir compte de cette vie ambulante du Q[uartier] G[énéral], remplie de mille distractions, exposée à mille incommodités, entraînant mille pertes de temps.
J’ai été aussi plusieurs fois très longtemps sans lettre de votre part – je m’en suis toujours pris aux vents et à la mer. Hier
Chère amie, je pense que l’indulgence est un des caractères les plus essentiels de l’amitié – elle est faite pour répandre de paisibles douceurs sur la vie: elle perdrait tout son privilège si elle était orageuse. Vous savez que j’ai de l’indolence et de la lenteur dans le caractère; moi, je le sais fort bien, car cela m’a valu de faire bien moins de chemin que je n’en aurais pu faire avec mes moyens. Je n’ai pas le talent d’écrire en un instant une quantité de lettres – il me faut du repos pour cela, c’est une résolution, c’est un travail. Un des premiers jours que je vous ai vue à Berlin, je disais, en vous voyant recevoir une foule de billets et y répondre, que cela me tuerait. Me voilà arrivé à l’âge où l’on se corrige difficilement de ses défauts, quelque bonne volonté qu’on en ait. Il faut me prendre tel que je suis, autrement on me désorganiserait entièrement. Pendant tout l’été je n’ai pas écrit une seule fois à
On doit expédier un courrier aujourd’hui; pour ne point risquer de retard je termine ici ma lettre, mais j’en commencerai incessamment une autre. Quelle déplorable manière de remplir les pages! Enfin ce n’est pas ma faute. Je vous envoye une lettre de