• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bern · Place of Destination: Coppet · Date: 19. Mai [1812]
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bern
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 19. Mai [1812]
  • Notations: Absende- und Empfangsort sowie Datum (Jahr) erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 374‒375.
  • Incipit: „Mardi ce 19 mai.
    Chère amie, je n’ai pas encore pu voir M. de Schr[aut] parce qu’il est tout le jour à [...]“
    Language
  • French
Mardi ce 19 mai.
Chère amie, je n’ai pas encore pu voir M. de Schr[aut] parce qu’il est tout le jour à sa campagne, à plus d’une demi-lieue de la ville; encore n’est-on pas sûr de l’y trouver autrement que de grand matin. J’ai vu hier son secrétaire, que j’ai eu aussi quelque peine à rencontrer; je lui ai dit le changement que je désirois au passeport de mon compagnon de voyage, il m’a parlé de la facilité de les renouveler entièrement; j’ai répondu que je ne souhaitois pas cela parce que je serois obligé d’aller à 4 lieues d’ici pour avoir de nouveau la signature de M. d’O. Il croyoit que le tems de la validité n’étoit pas fixé; il seroit bon d’ajouter, aux mots qui s’y trouvoient: „bon pour ce voyage“, ceux-ci: „et pour une année“. Si M. de Schr[aut] trouve cela aussi, il faudra les mettre sur tous également. Je vous prie donc de dire à la femme de mon compagnon de m’envoyer le passeport tout de suite par le retour de la poste – en effet, je ne sais pas pourquoi elle ne me l’a pas donné –; si elle ne manque pas l’heure de la poste, je l’aurai jeudi. Le secrétaire fait aujourd’hui une course, de sorte que cette petite affaire ne pourra être arrangée que demain, et alors, en apprenant que le même changement doit être fait à tous trois pps. je les remettrai au secrétaire pour cela.
Il ne sait rien de positif sur les dispositions dans la Patrie de Frédéric. Cependant il persiste dans une opinion contraire à celle du Pr[ince] Lub[omirsky]. Un voyageur suisse qui revient de là dit que les intentions du gouvernement à cet égard sont enveloppées d’un profond mystère et que le public ne fait que former des conjectures.
On prétend que les préparatifs des Russes sont immenses, reste à savoir s’ils seront bien dirigés. Un jeune Muralt, officier de cavalerie bavaroise, écrit de Pologne que leurs chevaux sont souvent réduits à manger le chaume des cabanes, qu’ils ne savent pas où ils vont, ni ce qu’ils feront mais qu’ils souffrent déjà beaucoup d’inconvénients. Les jeunes gens veulent toujours être comme dans un salon.
Je n’ai rien appris qui pût contrarier la spéculation de l’achat des terres. Je commanderai pour les amis de Zurich, aussitôt que je saurai exactement le tems de leur arrivée, des relais qui doivent les attendre hors de la porte, dans une auberge appelée Klösterli, le petit couvent, pour qu’ils puissent faire la moitié avec des chevaux tout frais.
Je ne suis pas logé à l’auberge, niais chez des personnes de mes amis. M. Hermann, ancien préfet, vint me trouver fort obligeamment au moment où je descendois de la diligence et me força pour ainsi dire la main pour accepter une chambre dans sa maison, où je suis fort agréablement. J’ai été boiteux depuis mon arrivée d’un faux écart que j’ai fait, je crois, en sautant de cette maudite voiture, mais j’ai dissipè cela à force de marcher et de me promener.
A demain, chère amie. Je fais des vœux pour que vous soyez en bonne disposition d’âme et en bonne santé.
Mardi ce 19 mai.
Chère amie, je n’ai pas encore pu voir M. de Schr[aut] parce qu’il est tout le jour à sa campagne, à plus d’une demi-lieue de la ville; encore n’est-on pas sûr de l’y trouver autrement que de grand matin. J’ai vu hier son secrétaire, que j’ai eu aussi quelque peine à rencontrer; je lui ai dit le changement que je désirois au passeport de mon compagnon de voyage, il m’a parlé de la facilité de les renouveler entièrement; j’ai répondu que je ne souhaitois pas cela parce que je serois obligé d’aller à 4 lieues d’ici pour avoir de nouveau la signature de M. d’O. Il croyoit que le tems de la validité n’étoit pas fixé; il seroit bon d’ajouter, aux mots qui s’y trouvoient: „bon pour ce voyage“, ceux-ci: „et pour une année“. Si M. de Schr[aut] trouve cela aussi, il faudra les mettre sur tous également. Je vous prie donc de dire à la femme de mon compagnon de m’envoyer le passeport tout de suite par le retour de la poste – en effet, je ne sais pas pourquoi elle ne me l’a pas donné –; si elle ne manque pas l’heure de la poste, je l’aurai jeudi. Le secrétaire fait aujourd’hui une course, de sorte que cette petite affaire ne pourra être arrangée que demain, et alors, en apprenant que le même changement doit être fait à tous trois pps. je les remettrai au secrétaire pour cela.
Il ne sait rien de positif sur les dispositions dans la Patrie de Frédéric. Cependant il persiste dans une opinion contraire à celle du Pr[ince] Lub[omirsky]. Un voyageur suisse qui revient de là dit que les intentions du gouvernement à cet égard sont enveloppées d’un profond mystère et que le public ne fait que former des conjectures.
On prétend que les préparatifs des Russes sont immenses, reste à savoir s’ils seront bien dirigés. Un jeune Muralt, officier de cavalerie bavaroise, écrit de Pologne que leurs chevaux sont souvent réduits à manger le chaume des cabanes, qu’ils ne savent pas où ils vont, ni ce qu’ils feront mais qu’ils souffrent déjà beaucoup d’inconvénients. Les jeunes gens veulent toujours être comme dans un salon.
Je n’ai rien appris qui pût contrarier la spéculation de l’achat des terres. Je commanderai pour les amis de Zurich, aussitôt que je saurai exactement le tems de leur arrivée, des relais qui doivent les attendre hors de la porte, dans une auberge appelée Klösterli, le petit couvent, pour qu’ils puissent faire la moitié avec des chevaux tout frais.
Je ne suis pas logé à l’auberge, niais chez des personnes de mes amis. M. Hermann, ancien préfet, vint me trouver fort obligeamment au moment où je descendois de la diligence et me força pour ainsi dire la main pour accepter une chambre dans sa maison, où je suis fort agréablement. J’ai été boiteux depuis mon arrivée d’un faux écart que j’ai fait, je crois, en sautant de cette maudite voiture, mais j’ai dissipè cela à force de marcher et de me promener.
A demain, chère amie. Je fais des vœux pour que vous soyez en bonne disposition d’âme et en bonne santé.
· Übersetzung , 19.05.1812
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 302–303.
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