• August Wilhelm von Schlegel to Albertine Ida Gustavine de Broglie

  • Place of Dispatch: Bonn · Place of Destination: Broglie (Eure) · Date: 09.12.1828
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Albertine Ida Gustavine de Broglie
  • Place of Dispatch: Bonn
  • Place of Destination: Broglie (Eure)
  • Date: 09.12.1828
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 543‒544.
  • Incipit: „Jʼeusse été glorieux dʼen être seulement le prétexte, vous auriez pris Bonn pour votre point de repos...
    Je sais bien que lʼAllemagne [...]“
    Language
  • French
Jʼeusse été glorieux dʼen être seulement le prétexte, vous auriez pris Bonn pour votre point de repos...
Je sais bien que lʼAllemagne est le pays dédaigné par vous autres, langue, littérature, état moral et intellectuel, enfin tout! Mais je ne trouve pas que cela soit juste. Sous beaucoup de rapports nous sommes en avant de lʼAngleterre et de la France, et ces deux pays pourraient aller à notre école. [...]
Jʼen aurais bien envie pour y soutenir les droits de la pensée libre, inconnue en Angleterre hors du domaine de la politique; mais je crains que cela ne sera pas possible. Si jʼexcepte un petit nombre dʼhommes supérieurs, ils ont perdu jusquʼà lʼidée de la philosophie, et ils ne se doutent pas que lʼhistoire du genre humain est à refaire. [...]
Afin de vous prouver que je ne suis pas un fainéant, quoique je nʼécrive pas de lettres, voici un aperçu de mes occupations. Dʼabord j'ai une passion insatiable pour lʼétude: je puis mʼappliquer le mot de Solon. Je vieillis en apprenant beaucoup de choses. Ensuite jʼai mes fonctions de professeur que je ne me rends pas faciles. Par exemple cet hyver je donne un cours dʼhistoire romaine en latin, en parlant dʼabondance. Ensuite je me suis chargé dʼune entreprise si vaste que probablement ma vie ne suffira pas pour lʼachever. C'est la restauration du plus ancien poème héroïque qui existe. Le premier volume est imprimé et va paroître. Lʼoriginal des fables de Pilpai, corrigé sur les manuscrits est aussi imprimé à demi. Enfin jʼai encore lʼambition dʼêtre quelquefois un écrivain éloquent et populaire. Ce printemps dernier un recueil de mes essais de critique littéraire a paru en deux grands volumes: la plupart avaient été déjà publiés séparément, mais jʼy ai ajouté de nouveaux articles. Jʼai fait une brochure intitulée: Eclaircissement de quelques mésentendus, pour déclarer que je ne me suis pas fait catholique ni ne pense à le devenir, et pour me séparer de mon frère Frédéric, dont tous les écrits – vains efforts! – tendent à établir la puissance des prêtres. Cet écrit a fait sensation et a été fort applaudi même par des catholiques éclairés.
Jʼeusse été glorieux dʼen être seulement le prétexte, vous auriez pris Bonn pour votre point de repos...
Je sais bien que lʼAllemagne est le pays dédaigné par vous autres, langue, littérature, état moral et intellectuel, enfin tout! Mais je ne trouve pas que cela soit juste. Sous beaucoup de rapports nous sommes en avant de lʼAngleterre et de la France, et ces deux pays pourraient aller à notre école. [...]
Jʼen aurais bien envie pour y soutenir les droits de la pensée libre, inconnue en Angleterre hors du domaine de la politique; mais je crains que cela ne sera pas possible. Si jʼexcepte un petit nombre dʼhommes supérieurs, ils ont perdu jusquʼà lʼidée de la philosophie, et ils ne se doutent pas que lʼhistoire du genre humain est à refaire. [...]
Afin de vous prouver que je ne suis pas un fainéant, quoique je nʼécrive pas de lettres, voici un aperçu de mes occupations. Dʼabord j'ai une passion insatiable pour lʼétude: je puis mʼappliquer le mot de Solon. Je vieillis en apprenant beaucoup de choses. Ensuite jʼai mes fonctions de professeur que je ne me rends pas faciles. Par exemple cet hyver je donne un cours dʼhistoire romaine en latin, en parlant dʼabondance. Ensuite je me suis chargé dʼune entreprise si vaste que probablement ma vie ne suffira pas pour lʼachever. C'est la restauration du plus ancien poème héroïque qui existe. Le premier volume est imprimé et va paroître. Lʼoriginal des fables de Pilpai, corrigé sur les manuscrits est aussi imprimé à demi. Enfin jʼai encore lʼambition dʼêtre quelquefois un écrivain éloquent et populaire. Ce printemps dernier un recueil de mes essais de critique littéraire a paru en deux grands volumes: la plupart avaient été déjà publiés séparément, mais jʼy ai ajouté de nouveaux articles. Jʼai fait une brochure intitulée: Eclaircissement de quelques mésentendus, pour déclarer que je ne me suis pas fait catholique ni ne pense à le devenir, et pour me séparer de mon frère Frédéric, dont tous les écrits – vains efforts! – tendent à établir la puissance des prêtres. Cet écrit a fait sensation et a été fort applaudi même par des catholiques éclairés.
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