Notre correspondance ayant été longtems interrompue, j’ai été bien agreablement surpris de recevoir votre lettre, et encore plus du present qui y étoit ajouté, quoique depuis votre absence je n’ai pas eu le tems de m’appliquer beaucoup à la lecture allemande, je serai en état de le comprendre, ayant un Shakespeare Anglois, en tout cas je vous remercie sincerement pour l’attention et la complaisance que vous avez pour un de vos anciens amis, qui vous reste toujours attaché, et puisqu’il est a esperer que vous poursuivrez cet ouvrage en traduisant les autres pieces de cet auteur, je me recommande pour le suivant à votre souvenir.
Ne vous ayant pas écrit depuis beaucoup de tems, je crois que vous seriez curieux de savoir ce qui s’est passer ici, ainsi je vais commencer par les progrès et la fin de mes études. Dans le commencement de cette année, je suis allé a Leyden pour devenir Candidat en droit, ce que je suis devenu apres un examen des professeurs de cet endroit, puis je me suis [2] occuper à ecrire une dispute avec l’intention de la defendre publiquement dans cette ville, ce que j’ai effectué heureusement dans le commencement de Juin, ayant beaucoup des opposans, entre autres Mr W. Six, je voudrais bien vous en envoyer quelques exemplaires mais puisque je n’ai point d’occasion de vous les faire parvenir, j’attendrai jusqu’a ce que je pourrai vous les apporter moi même, elle est du Ius hodiernum et a pour titre Num separatio tori et mensae tollat communionem bonorum inter coniuges. Par la vous pouvez voir que j’ai été pendant cette année assez occupé, et que ca m’a couté beaucoup de peine et d’angoisses car je craignois toujours que cela ne reussiroit pas; Le soir nous avons eu un soupé de 30 à 40 personnes au Doelen. Ainsi ayant suivi tous les colleges chez Mr Cras, je suis parti pour Leyden la semaine derniere pour prendre mes degrés, et j’ai été declaré Le 8 de ce mois Iuris utriusque doctor, ceci a été la cause que je ne vous ai pas écrit plutot, puisque je voudrais vous communiquer cette derniere solennité, et vous prier tres solennellement et serieusement de mettre sur les adresses le titre qui m’est dû, et dont je suis comme vous pouvez comprendre bien glorieux. Voici ainsi la fin de mes Etudes, mais je ne puis vous rien dire encore, si j’irai voyager ou si je resterai ici; j’ai encore toujours de l’esperance pour voyager, ce qui me feroit beaucoup de plaisir. J’ai été tout à fait confus de la charmante proposition que vous et votre epouse m’avez faites de venir chez vous passer quelques jours Vous pouvez être sur que si je passe par L’Allemagne je ne manquerai pas de venir vous voir à Jena, alors nous pourons [3] encore nous resouvenir des tems, ou j’ai tant profiter (quoique j’aurai pu profiter encore d’avantage) de vos leçons utiles et agreables. Nous avons étés cet été pour la première fois depuis la revolution dans la Zelande, nous y sommes allés principalement pour le retablissement de mon Pere, qui a souffert terriblement d’un acces de goute cet hyver, mais y ayant été pendant 3 jours, il arrivoit un exprés pour venir chercher mes parens, puisque ma soeur Rendrop étoit tres dangereusement malade, quoique elle commence a present a se retablir. C’étoint des fievres putrides, qui ont regnés ici prodigieusement, de sorte que M. et Mdme Dedel avec deux enfans ont peris dans l’espace de 8 jours. Le reste de la famille se porte parfaitement bien, et m’ont chargé de vous faire leur[s Com]plimens, ainsi que mes parens, la petite Jetje. Ma so[eur] R. a deja a present 4 enfans et ma Soeur H. en a deux. A l’egard de Mr Hushke j’ai entendu a Leyden qu’il a renoncé pour le professorat, on n’a pas encore nommé un autre. Apres vous avoir prié de presenter mes respects à Madame votre epouse, Je suis
Votre tres humb serviteur
et Ami
Mogge Muilman.
P.S. Passant quelques jours chez mon Oncle P. M. Mdme Weber m’a charger de vous faire parvenir la ci incluse
[4] Monsieur
Monsieur A. W. Schlegel
à
Jena