MonSieur
Quoique je n’aie pas l’honneur d’être connu de vous, je prens la liberté de vous offrir les deux premieres livraisons de mon édition des lois de Manou. Dans votre Bibliotheque Indienne, vous avez signalé cet ouvrage comme le plus curieux et le plus important que tous ceux que nous présente le riche répertoire de la littérature Sanskrite, et vous avez invité les Indianistes à en donner une édition qui pût le mettre à la portée de tout le monde, j’ai répondu à votre appel, et j’ose espérer que vous ne jugerez pas l’essai d’un jeune homme àvec sévérité. Peut-être, me regarderez comme bien téméraire, d’avoir osé, en entrant dans la carriere, m’imposer une tâche aussi difficile, et [2] penserez vous qu’il eut été à désirer qu’un plus habile que moi s’en fut chargé, je suis le premier à en convenir, mais personne ne paroissait se disposer à entreprendre ce travail, et vous connaissez le proverbe indien
yatra vidvajjano nāsti ślāghyas tatrālpadhīr api |
nirastapādape deśe eraṇḍo 'pi drumāyate ||
L’ouvrage dont cette sentence est extraite, est un de ceux dont la lecture a toujours eu pour moi le plus de charmes. Croyant que vous aviez abandonné le projet d’en donner une édition, j’avais annoncé l’intention de le publier, et mon travail était déja fort avancé, lorsque j’ai appris que l’impression du vôtre était commencée; j’ai renoncé aussitôt à ce que j’avais fait, en me félicitant de pouvoir désormais lire l’Hitopadesa, dans une édition qui ne peut manquer d’être bien supérieure àu travail imparfait que j’aurais donné.
Agréez, MonSieur, l’assurance de la parfaite considération avec la quelle j’ai l’honneur d’être
Votre très humble et très-obeissant serviteur
A. Loiseleur Deslongchamps
[3][leer]
[4] A MonSieur
MonSieur de Schlegel
membre de l’academie royale des Sciences de Prusse
à Bonn.