Voici, Monsieur, votre don que je n’aurois pas gardé si longtems, si je n’avois voulu le relire, pour mieux comprendre les détails, après en avoir saisi l’ensemble. Je vous ai une obligation infinie du plaisir qu’il m’a fait éprouver. Il me semble que vous avez répandu dans le premier et le second acte des beautés poëtiques admirables; et que je n’ai jamais ressenti une émotion plus vive que dans le troisième et le quatrième. Indépendamment de quelques expressions dont la hardiesse effarouchoit ma timidité françoise, j’ai crû retrouver souvent dans vos vers la pompe et l’harmonie de ceux de Sophocle; vous avez le mérite plus rare que jamais de rappeller les Anciens sans les faire regretter. – Comme je ne [2] connois presque point votre Shakespeare, oserois-je vous prier, Monsieur, de m’en prêter un volume, celui où se trouve Macbeth, ou Roméo et Juliette? Vous m’obligeriez aussi beaucoup si vous vouliez bien y joindre votre comparaison. Quoique je l’aie déjà lûe, je n’ai conservé qu’un souvenir confus de vos réflexions générales sur la tragédie, qui m’avoient principalement intéressé. Je vous rendrai ces deux livres la première fois que j’aurai l’honneur de vous voir. Mme de Staël a eu la bonté de m’inviter à l’aller voir chez elle; et vous concevez bien que je ne vais pas y manquer. Je suis, Monsieur, avec les sentimens les plus distingués,
votre très humble serviteur
L. Manuel etudt.
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