Monsieur,
J’ai été charmé de recevoir Votre lettre du 22 Juin, et de voir que Vous avez reçu une impression favorable de mon Râmâyańa au premier abord; j’espère qu’elle sera confirmée par un examen plus détaillé et plus approfondi, si jamais Vous avez le loisir de l’entreprendre. Je sens cependant qu’il me faudra rendre compte de mes procédés, afin que l’on ne me soupçonne pas d’avoir agi arbitrairement. Cela sera fait: lorsque quelques volumes du texte auront paru, je ferai imprimer à part les variantes, c’est à dire celles des commentateurs, en omettant toutefois celles qui ne sont que des fautes de copiste. J’indiquerai aussi tout ce que j’ai emprunté à la version Bengalique, à laquelle j’ai eu recourt plus souvent dans les premiers chapitres que dans la suite. Je compte faire imprimer aussi un ou deux chapitres de la version Bengalique pour faire connaître le genre de variété qui y regne constamment. L’impression du second volume sera commencée bientôt.
Maintenant j’ai la satisfaction de Vous annoncer notre édition du Hitôpadêsá. Le paquet que j’ai adressé à la Société Asiatique, contient un exemplaire sur grand papier velin, dans je fais hommage à la société, et deux autres pour Vous [2] et pour Mr de Chézy. Mon libraire s’est chargé d’expédier cela au libraire Maze, chez qui Vous pourrez Vous informer. Les variantes avec les remarques critiques de Mr Lassen, seront imprimées aussi-tôt que nous aurons reçu les petits caractères Devanagari de Berlin. Ma traduction latine ne se fera pas attendre non plus, et je mets tous mes soins à rétablir la reputation de la latinité des orientalistes, si souvent et si fortement compromise.
Je Vous suis infiniment reconnaissant du magnifique envoi que Vous m’avez fait je Vous felicite des heureux commencements d’une entreprise aussi ardue, et je ne doute nullement, que Vous ne la conduisiez à son terme avec le succès le plus complet. Jusqu’ici, je l’avoue j’ai été assez sceptique, soit sur l’authenticité des livres de Zoroastre, soit du Zend même − mais j’attends Vos oracles, et quand Vous les aurez donnés, je me mettrai à l’étude tout de bon.
L’édition danoise a l’air bien mesquin à coté de Vos facsimilés lithographiés.
Que dites Vous des derniers épisodes de Mr Bopp et de son orthographe biscornue? Cela me donne des maux de dents à lire. Je pense qu’il n’y aura qu’un cris contre à Londres, à Paris et à Calcutta. Je suis fortement opposé aussi à quelques unes de ses innovations grammaticales.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée
V. tr. h. & tr. obt. serviteur
AW de Schlegel
[3] [leer]
[4] A Monsieur
Monsieur Eugène Burnouf
Place de l’école de Medecine à Paris