Je vous prie de m’excuser de ce que je ne puis avoir l’honneur de me rendre aujourd’hui chez vous. Le mal de gorge que j’avais hier a augmenté ce matin, et pour ne pas être obligé de me mettre au lit, je crois prudent de garder la chambre quelques jours.
Je révise en ce moment les caractères de Mr Boisserolle. C’est une besogne des plus longues et des plus désagréables. Ce caractère a éte fait avec si peu de gout et se suite, on remarque dans presque tous les poinçons une telle ignorance de la véritable forme de la lettre, qu’il faudra en recommencer les trois quarts, si l’on veut avoir quelque chose de passable, et qui cadre avec les derniers poinçons gravés.
Je prendrai la liberté de vous adresser mes observations et de vous les laisser par écrit; et je pense que vous ne trouverez pas mon jugement trop sévère. Il est à craindre que par suite du système adopté par Mr Boisserolle, qui a mieux aimé consulter des planches gravées avec peu de régularité par un Européen, [2] que de copier comme Wilkins et Schlegel, les manuscrits eux mêmes; le caractère de l’imprimerie royale ne soit, malgré quelques avantages, de beaucoup inférieur à ceux qui l’ont précédé. Cependant de nombreuses corrections pourront rémédier aux plus graves inconvénients
Veuillez, Monsieur, agréer mon excuse, et croire au respect sincère avec le quel j’ai l’honneur d’être
Votre très humble et très obeissant serviteur
Eugène Burnouf
3 mars 1829