Je vous remercie affectueusement, Monsieur, de votre bon souvenir, de votre aimable lettre, et de l’envoi qui l’accompagnait. Tout ce qui me prouve que vous ne nous oubliez pas tout à fait m’est bien sensible; tout ce qui me reporte aux temps passés est désormais ma seule et véritable consolation. Je ne sais plus guere du latin; mais j’en sais encore assez pour vous lire avec grand plaisir, si ce n’est pour vous apprécier dignement.
Je n’aurais pas osé vous envoyer, si vous ne l’aviez desiré, l’éloge de M. de Sacy; c’est l’oeuvre d’un ignorant parlant à d’autres ignorants, de choses dont il ne sait pas le premier mot, et redigeant au hasard, ce qu il a pu recueillir dans quelques conversations avec des érudits. La seule chose dont je sois certain à priori, c’est qu’il doit y avoir là, pour juger compétent, autant de bévues [2] que de phrases; vous voudrez bien les excuser, et tenir compte de la nécéssité de satisfaire complettement à la condition de panégyriste officiel.
Vous avez, dans une lettre adressée recemment à M. Doudan, laissé entrevoir que vous méditeriez une excursion en France, ou en Suisse: J’en serai bien joyeux pour ma part, et afin que nous ne courrions pas risque de nous manquer, je vais vous faire connaitre quelle sera ma marche pendant tout le cours de cette année. Je compte rester ici jusqu’au commencement de Juillet; de là j’irai m’établir à Broglie jusqu’à la fin d’Aout; de là enfin j’irai à Coppet, jusqu’à l’hyver. Quelque part que vous veniez nous rejoindre, vous serez le très bien venu.
Veuillez agréér, en attendant cet heureux moment, le témoignage de mon sincere attachement.
V. Broglie
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